Origines de l’Homme, origines d’un homme : Mémoires, 2018 pour l’édition Odile Jacob, 2022 pour la réédition
Ambiance de lecture recommandée
Lucy in The Sky With Diamonds des Beatles
« Comme j’ai rencontré Tchadanthropus avant Sahelanthropus l’ordre que décidemment je suivrai ici aussi, contrairement à mon habitude, sera celui du temps de ma vie et non celui du temps des hominidés `de ma vie‘ »
● Un pavé biographique pour un pavé préhistorique. Origines d’un homme, d’abord, celles de Yves COPPENS (1934-2022). Né en Bretagne avec l’« exotite », mystérieuse maladie dont on devine les formes sans les dire (la curiosité de l’ailleurs), il commence sa vie avec des gros rocs et la finit avec des bouts de squelettes devenus rock star de la Préhistoire.
Découvrir des monuments funéraires granitiques bretons, respirer la poussière préhistorique du désert africain, faire un tour du monde paléoanthropologique. Allez, on respire un grand coup : le mot est plus simple qu’il n’en parait. Cette discipline scientifique se penche sur les évolutions de l’Homme et la place que les changements environnementaux ont eu dans cette évolution.
Paléo- pour paléontologie d’abord. C’est l’étude des fossiles, par exemple, les cinquante-deux os de Lucy retrouvés dans l’Afar (est de Éthiopie). Vous ne connaissez pas Lucy ? Même pas celle des Beatles ? Longtemps (et à outrance), elle a été considérée comme la « grand-mère » de l’humanité. Le nom de cette préhumaine lui a d’ailleurs été donné en référence au hit du boys-band britannique : Lucy In the Sky With Diamonds (cf. Ambiance de lecture).
« Parce que Lucy était reconstituable (…), petite, jeune (…) et féminine (…), parce qu’elle était proche de nous (…), elle a vite dépassé ses inventeurs pour envahir toutes les imaginations de tous les hommes de toute la Terre ou presque. »
Anthropologie, enfin, en référence à l’étude générale des hommes et des groupes d’hommes. Car, ainsi le résume le titre, l’ouvrage d’Yves COPPENS, mêle habilement sa propre vie à celle de l’humanité, au travers de certaines de ses découvertes les plus marquantes, de l’archéologie des menhirs* de Carnac à la datation de défenses de mammouths russes.
On ne retient pas spécialement les termes exacts des nombreuses curiosités présentent dans les vitrines de ce musée à mots ouverts ; davantage les voyages spatiaux et temporels de l’humanité, conjoints aux changements de l’écosystème terrestre. Quelques pages lues en Z lors d’énumérations de prix, d’événements, des chaires… Finalement, avant de redevenir lui-même humus, Yves COPPENS aura subtilement tenté de jouer l’humilité pour parler de ses racines et décomposer le terreau de ses recherches. Un doux vertige dans les vestiges de l’évolution et, au détour d’une page, un saut dans le plein du présent décrypté.
« La science, c’est la description du monde, or le monde est compliqué, la science est donc compliquée mais, pour avancer dans sa compréhension, il faut oser des interprétations (…) bien au-delà des données (…). »
À apprécier dans sa science abordable et passionnée, avec ou sans Beatles ●
*Menhir (du breton men-, pierre, et –hir, long) : Dans la région de Carnac (sud de la Bretagne), 2 500 pierres levées (certainement funéraires) sont alignées sur cinq kilomètres, constituant le plus grand site de menhirs du monde.






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